Le JOURNAL DE L'ORNE de l'arrondissement d'Argentan du jeudi 31 octobre 1889 (ci-dessus) relate parfaitement cette cour d'assises de l'Orne pour faux, usage de faux, abus de confiance, détournements : c'est l'affaire Vautier, ex-notaire d'Almenèches - Condamnation à 10 ans de travaux forcés :" C'est lundi qu'à commencé, après seize longs mois d'attente et d'énervement, pour ses dupes qui réclamaient justice, le procès de ce maître faussaire Vautier, que nos braves paysans de l'arrondissement, ont surnommé le " Lacenaire du Notariat".
En effet, ce qualificatif populaire, brutal si l'on veut, donné à Vautier, a quelque vraisemblance. L'étude de Vautier était un repaire où tous les clients qui avaient le malheur d'en franchir le seuil étaient assassinés financièrement; c'était un coupe-bourse organisé avec le cynisme révoltant qu'on connaît.
Malheur à celui qui mettait les pieds dans l'étude! - non seulement il devenait
la victime de Vautier, mais lui, sa femme,ses enfants, toute sa famille de près ou de loin, - tous! - étaient dévalisés, - dévalisés avec une rare habileté, avec une " méthode digne des plus grands criminels", selon l'expression du procureur.
Jamais, non jamais, le notariat n'a eu dans son sein - heureusement pour lui et pour nous - une canaille aussi profondément sinistre que celle-là.
Les pauvres paysans - plus de 80 - que nous avons vu défiler à l'audience, sont venus témoigner des moyens employés par Vautier.
On pouvait penser que Vautier avait pu, durant ses seize mois de verrous, faire son mea-culpa.
Il n'en est rien. A l'audience, il a montré tout son caractère - plat et arrogant, suppliant et lâche, selon les circonstances, - il a eu la physionomie appropriée à chaque phase du procès.
Il a fait des efforts pour se tirer des larmes qui ne venaient pas, - on ne pleure pas quand on s'appelle Vautier ! - Tout à l'heure, il se moquera d'un paysan qu'il a mis sur la paille, et qui répond avec indignation à cette demande du président de la cour, - "êtes-vous parent de l'accusé? " - "Dieu m'en préserve, monsieur le président ! " répond le bonhomme avec un geste de dégoût. - Le chenapan rit sur son banc. Il lui a volé 3000 francs! Tout son avoir.
Son "ignoble" tête, selon l'expression de la salle, se transforme à chaque déposition de témoins. Elle se transforme avec une vivacité incroyable. Les yeux fuyants deviennent subitement menaçants ...................... .
Voilà le début de ce reportage qui forme à lui seul 3 pages sur ...4 du journal !
Je rapporterai sans doute d'autres faits de cette affaire bien triste......
alifer61
