samedi 7 mars 2009

Les Normands ..... et les querelles domestiques.

85Hostilités entre régions... Hostilités au village... Hostilités à la maison... L'agressivité est universelle.... En Normandie, comme partout ailleurs, on la trouvait dans certaines familles (malheureusement elle est encore trop souvent présente aujourd'hui!)... Ne disait-on: "Bat à fred, bat à chas (à chaud) - Bat ta femme et n'la tue pas!" Heureusement que ces mots n'étaient pas suivis des faits par tous les Normands!!! La coutume semblait même permettre aux hommes de battre leurs femmes, sans aller au-delà de la fracture!!!
On trouve nombre de légendes normandes où les épouses des seigneurs subissent des châtiments qui les mènent parfois à la mort... L'infidélité - prouvée ou pas - était souvent la cause de ces heurts conjugaux: c'est, par exemple, la légende d'une châtelaine d'Alençon Marie Anson, attachée par le mari jaloux à la queue d'un cheval, traînée ainsi dans le parc et morte des suites de cet acte barbare!!!
Femmes infidèles, mauvaises ménagères,épouses désagréables,.... tout était pris en compte par le mari!!! Cela nous rappelle certaines scènes comiques au théâtre où l'homme, armé d'une trique, poursuit sa femme...
Il paraît pourtant que chez les marins, les pêcheurs, beaucoup de femmes "portaient le pantalon"... Cela était dû au fait que ces maris s'absentaient plus ou moins longuement et avaient donné à leurs femmes une procuration pour gérer leurs biens...
Naturellement, il y avait des mauvais ménages, comme partout ailleurs sans doute... mais il est certain que chez les paysans normands, les séparations étaient très rares...

Les Normands ..... et les querelles au village.

84 Vous pouvez cliquer sur la photo pour l'agrandir comme dans les autres articles...

Dans les villages où la densité de population était plus importante que maintenant, on vivait très proches les uns des autres et s'il fallait rester solidaires, cela n'allait jamais sans quelques heurts: autant d'hommes, autant de comportements... Dans les villages, tout le monde se connaît et le caractère de l'un ou l'hypocrisie de l'autre entame votre patience même si vous vous classez dans l'ordre des tolérants... Le vocabulaire pour rappeler les défauts des uns et des autres était très riche dans la langue de nos Normands: pignouf, rapiat, voleux,
enjôleux
, adoreux, couillon, fouinard, chicaneux, pisse-freid, pouffiasse, andouille, fainient, baveux, ragot, bouffard, gouliafre,.......... (l'orthographe y était souvent "maltraitée"!!!) Naturellement, ces mots s'adressaient aux hommes, mais les femmes avaient aussi leur vocabulaire!!! carne, traînée, poison,.............
Naturellement, tous ces termes ne pouvaient que faire grandir les ressentiments des uns et des autres... On en arrivait souvent aux injures,... souvent aux mains,... Ces querelles villageoises, trop nombreuses, pouvaient durer une "éternité"...
D'une manière générale, les Normands n'aimaient guère ces genres "bavards"...
Il arrive encore de nos jours de voir certains Normands naître avec un patronyme au surnom plutôt moqueur ou au méchant sobriquet: certains - et ils ont raison - ne s'en offusquent pas, d'autres ont pu demander le changement de nom!!!
Ne parle-t-on pas encore du "tintement" des oreilles qui signifie que quelqu'un est en train de parler de vous...... en mal naturellement !!!

vendredi 6 mars 2009

Les Normands ....... et les querelles de clocher.

83Vous pouvez cliquer sur l'image pour l'agrandir....
Les foires étaient nombreuses dans beaucoup de villages normands et à l'origine de quelques beuveries..., les esprits s'échauffaient..., les moqueries affluaient..., les provocations s'ensuivaient très souvent..., quelques mots bien venimeux, de méchants sobriquets qui portaient souvent atteinte à la réputation des femmes et c'était la bagarre !
Beaucoup de Normands étaient désignés par des sobriquets relatifs à leur village: en fonction de la réputation de ses habitants, ou de la spécialité qui en faisait le renom ou de son nom même... Ainsi nous avions les mâqueux (mangeurs) de salade d'Argentan: il partait d'Argentan un grand nombre de salades pour Paris... Sobriquet somme toute raisonnable mais il n'en était pas toujours ainsi: nous avions les culs collés de Tinchebray: la cordonnerie y était la principale industrie et les cordonniers étaient appelés avec mépris culs collés...
Personne n'échappait aux sobriquets... et les querelles étaient nombreuses...
Qui ne connaît pas notre Domfront ornais "la cité du pendu" ou "la ville de malheur"... "Arrivé à midi, - Pendu à une heure! -"
Les jalousies, les rivalités étaient souvent entretenues dans les villages normands mais, et pourtant, il faut avouer que souvent elles renforçaient au niveau local la cohésion de chaque groupe, voire de tous les Normands... Il est vrai aussi que chaque région portait souvent des préjugés souvent terribles sur les autres...
Finalement il n'y a pas matière à se sentir plus mauvais!!!

jeudi 5 mars 2009

Les Normands ....... et leur parole.

82Nous,Normands, curieux du passé et de l'histoire de nos ancêtres, savons que les préjugés ne nous étaient pas toujours très favorables - le monde est ainsi fait, nous détectons les défauts des autres avant de faire notre propre procès - il est vrai qu'il y a souvent un brin de vérité à chaque préjugé et il est facile de généraliser à la vue d'une chose particulière... Il est difficile d'échapper au parti pris et chacun de nous a pu en être les victimes... Mais il serait sans doute plus intéressant d'en chercher les causes, l'une d'elles serait peut-être propagée par jalousie...
Ainsi le Normand avait la réputation de manquer de parole... Napoléon-Bonaparte, lors de son passage en Normandie en 1810, montra qu'il connaissait cette réputation ! Le président du tribunal civil d'Yvetôt voulut faire un petit discours pour l'honorer mais , impressionné par son visiteur, ne retrouva pas ses paroles... Napoléon lui vint en aide en disant: Vous êtes un excellent Normand, Monsieur, je vois que vous savez manquer de parole!
Tant qu'un contrat n'était pas écrit et signé, devant témoins, le Normand pouvait se dédire. C'est pourquoi cette réputation a peut-être une origine juridique. ainsi nous retrouvons le proverbe normand : Il vaut mieux se dédire que se détruire.
Il arrivait qu'un Normand, voulant à tout prix assurer sa parole qu'il voyait mise en doute, s'écriait d'une voix très ferme : c'est sûr comme vinaigre !
Cette satire supplémentaire sur le Normand n'en fait pas un démon !

"Sapience" ... Sagesse ... Ruse ... du Normand.

81 "Pays de sapience", voilà le surnom qui qualifia un certain temps la Normandie... Naguère, il était très courant d'appeler ainsi notre région... Certains affirmaient que c'était faire allusion à la sagesse des lois normandes... Les uns pensaient que c'était à cause du bon sens des Normands, que l'on avait obtenu ce surnom de "pays de sapience"...D'autres vous diront que le terme de "sapience" avait été préféré au mot sagesse en accusant l'aspect rusé du caractère des Normands...
Il est vrai que nous, les Normands, en avons la réputation, comme le fameux renard de la fable "le corbeau et le renard" de notre poète et fablier Jean de la Fontaine... On assurait même qu'il ne fallait pas entrer en procès avec un Normand... Jean Racine, véritable rival d'un autre poète dramatique français mais normand, Pierre Corneille, nous railla dans sa pièce les Plaideurs puisque les premières paroles de cette comédie commencent ainsi:
Ma foi, sur l'avenir bien fou qui se fîra :
Tel qui rit vendredi dimanche pleurera.
Un juge, l'an passé, me prit à son service;
Il m'avait fait venir d'Amiens pour être suisse.
Tous ces Normands voulaient se divertir de nous :
On apprend à hurler,dit l'autre, avec les loups. .........
En matière de commerce, la franchise des Normands était souvent mise en doute !

mercredi 4 mars 2009

Les Normands .... et l'avarice...

80Encore une autre mauvaise réputation, pour nous, Normands... Il est préférable d'en rire comme le fit Molière dans sa comédie de "l'avare"... Nous avons la réputation de naître avec "les doigts crochus". Les sobriquets et les dictons que l'on attribuait à ce sujet aux Normands étaient nombreux:
C'est un Normand,il tire tout à lui.
Quand un Normand sort d'une maison et qu'il n'a rien emporté, il croit avoir oublié quelque chose !
On s'amusait un peu partout à plaisanter avec un ami normand, en lui faisant poser les mains à plat sur la table et s'il ne les déployait pas complètement, il faisait l'objet de toutes les plaisanteries d'usage...
Le Normand passait pour quelqu'un qui n'avait pas un sens de la propriété très développé à l'égard des autres... C'est un homme peu prodigue, économe,..., c'est un "rat"...
N' y a-t-il que des Normands dans cet état : il serait savoureux de connaître les pourcentages de chaque région !!!

Les Normands .... et le gibet.

79Qui ne connaît pas la manie procédurière des Normands ?
Si la Normandie fut la région la plus fertile en anecdotes judiciaires, la Basse-Normandie détenait le record. Tout était matière à procès, du préjudice le plus flagrant jusqu'à la branche d'un arbre surplombant un mur mitoyen ! Il y a peut-être moins de ces Normands en 2009 mais au XIXe siècle, les procédures engagées en Normandie étaient innombrables. Si la Normandie était réputée comme "pays de potence", c'était bien parce que, pendant des siècles, elle fut victime des expéditions de pirates et de bandes pillardes. On pendait beaucoup, en Normandie, et la sévérité redoutable des officiers de justice ne s'appliquait pas aux seuls intrus qui dévastèrent le pays...
Il arrivait que pour ne pas laisser chômer le gibet, la justice s'en prenait aux animaux: ainsi en 1386, une truie dévora le fils d'un paysan de Falaise ; le juge condamna l'animal à subir publiquement la peine de la potence. Arrivée sur les lieux du supplice, la truie se vit affubler d'une veste, de hauts-de-chausses et de gants, avec sur la tête un masque représentant une figure humaine. La truie fut mutilée de la même manière qu'elle avait commencé à dévorer l'enfant: on enleva tête et pattes... N'oublions pas que les cochons sont des omnivores et que pendant longtemps, on les laissait vivre en liberté et ils trouvaient eux-mêmes leur nourriture... Ainsi ils pouvaient être la cause de grands malheurs... Il semblerait qu'ils aient été à l'origine de la fermeture des cimetières !!! Notre poète dramatique Racine, dans la comédie "Les Plaideurs" nous fait une spirituelle critique des moeurs judiciaires au XVIIe siècle....
Le souvenir de la potence resta longtemps dans la mémoire des Normands. Ce fut à la Révolution (1790) que la potence disparut de la place publique.

En Normandie: les conscrits et le service militaire.

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En 1793, la Convention décida de lever des troupes pour défendre la République par le système du tirage au sort des conscrits. En 1798, c'est la création du service militaire (soldat de 20 à 25 ans), en 1818: engagement et tirage au sort pour un service de 6 ans, en 1872 : un service national obligatoire de 5 ans pour les hommes, service de 2 à 3 ans en 1913, service ramené à 2 ans en 1939, à 12 mois en 1970, à 10 mois en1993 et en 1997 , c'est l'armée professionnelle.
Pendant toute la période qui précédait le tirage, les conscrits normands se rendaient tous les dimanches soirs dans les auberges ou se faisaient offrir des repas que les jeunes filles de leur âge leur préparaient. Les conscrits avaient leurs conscrites qui se devaient de les inviter... Le repas se faisait dans la plus grande gaieté avec chants , danses,...
Lors du tirage, il y avait toujours des chanceux et des malchanceux. Ces derniers qui avaient tiré le mauvais numéro, se livraient dans les jours suivants, et jusqu'à leur départ, à de véritables beuveries... 6 ans à passer comme soldat seront difficiles à endurer sans oublier ceux qui ne reviendront pas dans leur pays natal. Ces fêtes des conscrits sera poursuivi dans de nombreux villages normands jusqu ' à la suppression du service militaire obligatoire....