mercredi 4 mars 2009

Les Normands .... et le gibet.

79Qui ne connaît pas la manie procédurière des Normands ?
Si la Normandie fut la région la plus fertile en anecdotes judiciaires, la Basse-Normandie détenait le record. Tout était matière à procès, du préjudice le plus flagrant jusqu'à la branche d'un arbre surplombant un mur mitoyen ! Il y a peut-être moins de ces Normands en 2009 mais au XIXe siècle, les procédures engagées en Normandie étaient innombrables. Si la Normandie était réputée comme "pays de potence", c'était bien parce que, pendant des siècles, elle fut victime des expéditions de pirates et de bandes pillardes. On pendait beaucoup, en Normandie, et la sévérité redoutable des officiers de justice ne s'appliquait pas aux seuls intrus qui dévastèrent le pays...
Il arrivait que pour ne pas laisser chômer le gibet, la justice s'en prenait aux animaux: ainsi en 1386, une truie dévora le fils d'un paysan de Falaise ; le juge condamna l'animal à subir publiquement la peine de la potence. Arrivée sur les lieux du supplice, la truie se vit affubler d'une veste, de hauts-de-chausses et de gants, avec sur la tête un masque représentant une figure humaine. La truie fut mutilée de la même manière qu'elle avait commencé à dévorer l'enfant: on enleva tête et pattes... N'oublions pas que les cochons sont des omnivores et que pendant longtemps, on les laissait vivre en liberté et ils trouvaient eux-mêmes leur nourriture... Ainsi ils pouvaient être la cause de grands malheurs... Il semblerait qu'ils aient été à l'origine de la fermeture des cimetières !!! Notre poète dramatique Racine, dans la comédie "Les Plaideurs" nous fait une spirituelle critique des moeurs judiciaires au XVIIe siècle....
Le souvenir de la potence resta longtemps dans la mémoire des Normands. Ce fut à la Révolution (1790) que la potence disparut de la place publique.