lundi 22 novembre 2010

Les doléances d'Almenèches en 1789: (Suite 3:FIN)

N° 127... (Suite 3 : FIN des pages N° 124 - 125 - 126 ).....
Toujours sur l'impôt de la gabelle....
L'ordonnance enfin veut que le sel soit livré grêlant, c'est-à-dire qu'il ne doit être radé que lorsqu'il est comble dans toutes ses parties et que les premiers grains de sel commencent à tomber de la mesure; au contraire, le radeur n'attend souvent pas que le sel touche au haut du bord d'intérieur de la mesure, qu'il le rade. De ces ménages, il en résulte presque une demie livre par demi quart de bon pour les officiers et de perte pour le public, et c'est ce qui opère le bon de masse ou les gratifications des officiers: tant il est dangereux que l'état d'un juge dépende de la libéralité de ses parties. Ces gratifications tiennent à un autre ordre de régie, c'est à la consommation. Tel grenier est fixé à une certaine quantité de muids, qu'il est obligé de consommer avant d'espérer aucune gratification; lorsque cette quantité déterminée est vendue, ce qui excède cette quantité est payé aux officiers, à raison de de cent livres par muid, jusqu'à une telle quantité de consommation, et depuis cette seconde fixation, autant qu'ils en peuvent vendre à raison de deux cent livres par muid, sous la dure condition de n'avoir qu'un muid de déchet, parce que s'il y avait un demi quart de déchet de plus que le minot par muid sur le total de la masse, les officiers et receveurs perdroient cinq ou six mil livres de gratification, sans espérance de restitution.
Tel est le sujet des contraintes et des saisies que l'on fait journellement chez les particuliers. Lorsqu'un quelqu'un est en retard, il voit arriver chez lui un capitaine des gabelles accompagné d'une escouade de six à sept archers, armés de fusils, qui entrent avec autant d'insolence que de brutalité, fouillent la maison et les lieux les plus secrets des armoires. S'ils trouvent un peu delard, de beurre ou de boeuf salé, ils le saisissent, et le particulier ne parvient à se faire restituer ses comestibles qu'en les faisant boire et leur lâchant un ou deux écus de six livres.
Si l'on fait attention à la nombreuse quantité de ces sortes de gens répandus dans l'intérieur et sur les frontières des gabelles, combien d'hommes de tués, de blessés, aux galères, de procès ruineux, en sorte que l'on pourroit bien dire que la moitié des François fait la guerre à l'autre, ne seroit-il pas juste que tous les sujets d'un même roy supportassent également ses bontés comme ses impôts?
Que le tarif du contrôle de mil sept cent vingt-deux soit réformé et interprêté, afin que la perception soit égale dans tous les bureaux.
Que le nombre des représentans le Tiers-Etat soit fixé invariablement, en égalité avec les deux premiers ordres."
La Gabelle,principale doléance de l'époque et .... Honte à ces Gabelous... (j'ai ainsi copié tout le texte in extenso avec l'orthographe de l'époque...)

Alifer61