dimanche 28 novembre 2010

Henri Vendel et sa bibliothèque...

N° 137 (Voir les pages: 8-9-17-34-65à67-86à91-118à122-133à136)
Texte d'Henri Vendel trouvé sur "Revue des Bibliothèques" de 1930:
"SECHAGE DES VOLUMES, APRES UN INCENDIE - Le 5 novembre 1929, un incendie dévastait la Bibliothèque municipale de Châlons-sur-Marne. 18000 volumes furent brûlés, 23000 inondés, dont environ 5000 provenant de l'ancien fonds.
Dès que les livres déménagés à la hâte furent placés en sûreté, on se préoccupa du séchage, conformément aux instructions de M. l'Inspecteur général Pol Neveux.
Cette opération qui,l'été,grâce au soleil, eût été des plus simples, se trouva très compliquée par suite de la mauvaise saison. De grandes pluies accrurent les dommages, les toitures détruites étant remplacées par des bâches que le vent soulevait; bientôt il n'y eut plus une seule salle de la bibliothèque où la pluie ne pénétrât. Des murs se lézardèrent, il fallut étayer la cave dont les voûtes s'effondraient. L'humidité était telle partout que des volumes qui n'avaient pas été mouillés commencèrent à moisir: on dut vider complètement les rayons. C'est dans cette atmosphère que fut entrepris le séchage. On se contenta d'abord d'étendre sur des tables et sur des claies les volumes mouillés et de chauffer les salles, mais il fut bientôt évident que la chaleur sans courant d'air favorisait les moisissures. Elles se développaient beaucoup plus rapidement dans les salles closes que parmi les débris d'ouvrages exposés en plein aux intempéries. Comme il ne pouvait être question d'ouvrir les fenêtres par suite de la pluie, on provoqua artificiellement des courants d'air. Une ligne électrique provisoire fut installée et, d'accord avec les compagnies d'assurance, on loua des ventilateurs. Ces derniers, de préférence pivotants, étaient placés au centre d'une table et les livres groupés en cercle autour d'eux, les volumes reliés, de champ et entr'ouverts, à moins que les reliures trop détrempées n'obligeassent à les tenir à plat. Ainsi les ouvrages séchèrent beaucoup plus rapidement et il n'y eut presque plus de moisissures. Les livres brochés et très mouillés furent séchés dans l'étuve à désinfecter. Ce mode de séchage donna des résultats satisfaisants, mais il ne peut être appliqué aux ouvrages reliés dont il ferait gondoler les reliures.
Parmi les livres brûlés beaucoup le furent incomplètement, seulement au dos. Les gravures que l'on en put extraire furent séchées comme une lessive sur des cordes tendues dans les salles. Les reliures déformées furent mises en presse avec prudence, de façon à être redressées lentement. Celles dont le cuir s'était racorni furent repassées au fer électrique, avec interposition d'un linge mouillé.
On combattit les moisissures en passant quotidiennement sur les feuilles atteintes un chiffon imbibé d'eau de javel. De bons résultats furent également obtenus par l'emploi d'iune solution antimicrobienne. Grâce à ces précautions, nous n'avons perdu aucun volume du fait de l'eau seule. Il reste cependant encore une cinquantaine de livres en observation. Henri Vendel Conservateur de la Bibliothèque de Châlons-sur- Marne.
Alifer61
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